Mois des fiertés : pourquoi ne parle-t-on jamais assez des droits LGBTQIA+ ? 

La journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, célébrée chaque 17 mai, gagne en visibilité chaque année et préfigure le début du mois des fiertés. Créé un an après les émeutes de Stonewall en 1969, ce mois célèbre la diversité et la reconnaissance des luttes des personnes LGBTQIA+ pour leurs droits.

Si les droits et donc l'inclusion des personnes LGBTQIA progressent dans certains pays, il ne faut pas oublier que les atteintes, physiques comme verbales, continuent de progesser.

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Une situation très hétérogène des droits en Europe

Selon le classement 2024 de l'association internationale des lesbiennes, gays, bisexuels, trans et intersexes (ILGA) Europe, Malte se distingue avec un score impressionnant de 88 %, reflétant une société où le mariage et l’adoption sont pleinement accessibles aux personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres. L'Islande et la Belgique complètent le podium avec 83 % et 78 % suvis par le Danemark et l'Espagne, ex aequo à 76 %, qui ont récemment adopté des mesures significatives pour soutenir et protéger les droits des personnes LGBT.

L'Espagne, progresse depuis quelques années avec la prise de position et l'instauration de lois visant à lutte contre les violences sexistes et sexuelles et les LGBTQAphobies. Elle se hisse en quatrième position grâce à la promulgation de la loi d’égalité réelle et effective des personnes trans.

Le droit de se marier pour les personnes LGBTQIA est un indicateur important de l’égalité des droits. Des pays comme Malte, le Danemark, la Belgique, et l’Espagne ont légalisé le mariage homosexuel, ce qui a un impact positif sur la reconnaissance des droits des couples qui a favorisé leur visibilité dans le monde professionnel.

Ces pays ont aussi mis en place des politiques pour protéger les employés LGBTQIA contre la discrimination et promouvoir l’égalité des droits. Ces avancées sont d’autant plus notables qu’elles surviennent dans un climat où le discours public peut être polarisé et violent, en particulier à l’encontre des personnes transgenres.

La France, quant à elle, reste à la dixième place avec 62 %, témoignant d’un engagement envers l’égalité des droits (mariage pour tou.te.s légal depuis 2013) entaché de hausses des violences envers les personnes LGBTQIA de 13 % en moyenne, et jusqu'à 19% pour les crimes les plus graves, selon les chiffres du Ministère de l'intérieur.

De l'autre côté de l'Europe, les violations des droits des personnes LGBTQIA sont fortes et fréquentes. La Russie et l'Azerbaïdjan obtiennent un score de 2 %, suivis de la Turquie et de l’Arménie, avec seulement 5 % et 9 % ; ces scores illustrent les inégalités, les discriminations et les violences à l'encontre des personnes LGBTQIA dans ces régions. Seule la Moldavie se démarque avec une avancée significative, gagnant 14 places pour atteindre 39 % suite à la révision de son code pénal incluant désormais l’orientation sexuelle et l’identité de genre. 

 

Quelle inclusion des personnes LGBTQIA au travail en France ?

Recentrons notre focale sur la France, qui se trouve dans une situation contradictoire, entre hausse des actes anti-LGBTQIA, obtention de nouveaux droits et plus grande visibilité des personnes LGBTQIA.

Vous vous demandez peut-être pourquoi nous parlons du mariage pour tou.te.s et de l'obtention de nouveaux droits alors que nous nous adressons aux organisations et sensibilisons dans le monde du travail ? Lorsque nous bénéficions des mêmes droits que nos collègues "à la ville", c'est la première clef pour se sentir autant inclus.e et autant accueilli.e.s que les personnes hétérosexuelles.

Si la visibilité des personnes LGBTQIA augmente, puisque 10 % de la population s'identifie comme LGBTQIA, 19 % de la génération Z, 51 % d'entre elles cachent leur orientation sexuelle à leur manager et 40% à leurs collègues au travail, selon le Baromètre L'autre Cercle avec l'IFOP. Ces personnes se rendent ainsi invisibles auprès de leur collègues et supérieur.e.s hiérarchiques.

7 personnes LGBT+ sur 10 qui vivent en couple ont déjà omis volontairement de faire référence au genre de leur conjoint.e au travail.Cette dynamique affecte donc leurs relations sociales quotidiennes, et leurs interactions sur le lieu de travail.

Pourquoi ? Probablement parce que 50 % des employé.e.s ont déjà entendu un expression LGBTphobe au travail et 30 % d'entre elles et eux ont été victime d'une agression sur leur lieu de travail. Comment parler de son weekend si l'on n'ose pas dire le prénom de son ou de sa conjoint.e, de peur d'entendre une réflexion ou une plaisanterie déplacée ?

La deuxième clef pour améliorer l'accueil et l'inclusion au travail des personnes LGBTQIA, c'est de sensibiliser l'ensemble des équipes aux micro-agressions, aux propos et actes LGBTQIAphobes, ainsi qu'aux discriminations potentielles.

La troisième, c'est de se montrer exemplaire et de ne pas tolérer de réflexion ou d'actes LGBTQIAphobes.

Ce mois des fiertés est donc un moment de réflexion nécessaire pour mesurer les progrès réalisés et alerter sur les défis à relever. Il est un appel à l’action pour que chacun.e, partout dans le monde, puisse vivre et travailler librement et ouvertement, sans crainte de discrimination ou de violence.

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